Le témoignage et l’objet : l’exemple du carnet du contremaître
Dans le cadre du travail d’inventaire des objets et archives (axe 1), de nombreux échanges et une journée-atelier ont permis de sélectionner plusieurs objets pouvant faire l’objet d’une collecte de récits et de rechercher les noms des personnes qui pourraient nous en parler. Nous souhaitions réaliser cinq entretiens filmés, mais un seul a pu être réalisé sur les carnets du contremaître, avec René Wadin, ancien salarié du peignage de la Tossée.
Le choix d’une méthode se fondant sur la médiation des objets et des archives dans la collecte de la mémoire s’inscrivait dans la dynamique de travail collective qui était à l’oeuvre. Ce choix s’est aussi inspiré de deux expériences de médiation qui nous sont apparues très intéressantes. La première est celle de la galerie des dons mise en place au sein de la cité nationale de l’histoire de l’immigration (aujourd’hui musée national de l’histoire de l’immigration) à Paris. La deuxième expérience est celle des recherches menées par une équipe du laboratoire GERIICO dans le cadre des projets « TEMUSE 14-45 » et « TEMICS ». Ce projet s’est particulièrement intéressé au recueil de témoignage en contexe muséal, au lien entre les objets et les hommes, a mené une réflexion et une expérimentation sur la collecte et sur la diffusion des témoignages de donateurs, collectionneurs et héritiers d’objets, grâce notamment aux outils numériques et multimédias. Il s’agit de relier les objets aux pratiques et aux usages qu’en ont fait les gens dans le temps, pour recueillir les interprétations diverses de l’objet, croiser les regards : « Pour que les objets parlent, il faut des personnes qui les interprètent », précisait Michèle Gellereau. Dans ce projet, les objets s’animent grâce à la mémoire et aux savoirs vivants des personnes : « (…) Collectivement, nous sommes partis sur un point d’accord : nous ne considèrerons pas les objets comme un passé fossilisé, mais comme des données vivantes attestant de la guerre et de la vie des hommes et qui sont utilisés et interprétés dans des pratiques culturelles des familles, des associations ou des musées (…) » (TEMICS, Rapport final, avril 2015, p. 4. Le rapport est consultable à cette adresse : http://www.ipapic.eu/IMG/pdf/Temics_rapport_final_-_V4-compressed-2.pdf. Voir aussi : « Le récit dans la médiation des sciences et des techniques. modalités, formes et enjeux », revue Culture et musées, n°18, janvier 2012).
Le projet TEMUSE 14-45 (Valoriser la mémoire des témoins et des collectionneurs d’objets des deux Guerres mondiales: médiation, communication et interprétation muséales en Nord-Pas-de-Calais et Flandre-Occidentale) a été mené par des chercheurs du laboratoire GERIICO de l’Université Lille 3 et De Visu, de l’Université de Valenciennes, de 2010 à 2013 dans le cadre du projet transfrontalier INTERREG TransMusSites 14- 45 (TMS 14-45) visant la mise en réseau de musées et sites des deux guerres mondiales dans les Départements du Nord, du Pas-de-Calais et la Province de Flandre occidentale. TEMICS (Témoignages et médiation interculturelle de collections du patrimoine sensible) est un projet qui a été mené dans le cadre de l’appel à projet de recherche 2013 du ministère de la culture et de la communication « Pratiques interculturelles dans les institutions patrimoniales », sous la responsabilité scientifique de Michèle Gellereau en partenariat avec UVHC – De Visu, Département du Nord, Musée naval de Québec, Musée de la Résistance de Bondues, Musée In Flanders Fields de Ypres.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Mathilde Wybo (27 décembre 2016). Le témoignage et l’objet : l’exemple du carnet du contremaître. RECCITS. Consulté le 21 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tci2